CHWP B.21 | Catach, "Les dictionnaires de l'Académie française" |
Les Dictionnaires de l'Académie française (huit éditions, dont cinq datées d'avant 1800, la neuvième en cours) présentent une caractéristique unique: ils constituent sur trois siècles une seule et même base lexicographique, jamais fondamentalement remaniée, et où l'on retrouve encore de nombreuses traces de la conception première (1694). Nous en donnerons des exemples, et citerons des faits qui mériteront, en cas d'informatisation, une attention et des études spécifiques: ¤ Présentation de la 1ère édition par familles de mots, avec les connaissances étymologiques du temps; nombreuses erreurs d'étymologie, qui ont eu une grande influence sur la façon d'écrire; ¤ Présence multiple d'archaïsmes; ¤ Présence de nombreux proverbes (trésor populaire); ¤ Indications sur le "bon usage" et niveaux de langue, remarques sur la prononciation ancienne; ¤ Introduction progressive des féminins des noms et adjectifs, changements de féminins, changements de pluriels et de catégories grammaticales (datations, études morphologiques); ¤ Introduction des mots nouveaux; ¤ Enfin et surtout, rôle, richesse et importance des variations graphiques, à étudier dans une même édition et au cours du temps.
La forme et la présentation lexicographiques sont à bien des égards, encore en 1935, celles de dictionnaires beaucoup plus anciens (absence de catégories grammaticales systématiques, notation des catégories multiples et des féminins à l'intérieur des articles, etc.).
Caractéristique aggravée par ce qu'a constitué la première édition elle-même, véritable 'monstre' lexicologique, qui à elle seule nécessiterait une étude à part: oeuvre de plusieurs mains, revue par plusieurs générations d'Académiciens, foisonnante de contradictions, de redites, de mots oubliés, d'erreurs, etc.
Ces caractéristiques constituent aussi des richesses que nous ne pouvons négliger. Nous étudierons en coupe longitudinale les structures de quelques articles.
The eight editions of the Dictionnaire de l'Académie française (five before 1800, the ninth in preparation) present a unique trait: they form over three centuries one and the same lexicographical base, never fundamentally revised, in which numerous traces of the original conception of 1694 are to be found. I shall give examples of this, and mention features worthy of particular attention and study, should the dictionaries be computerized: ¤ Headwords in the first edition presented by families, according to etymological knowledge of the time; numerous etymological errors that have had a considerable influence on spelling (ordering by word families); ¤ Multiple presence of archaisms; ¤ Numerous proverbs (folk archive); ¤ Indication of 'good usage' and language registers, remarks on old pronunciation; ¤ Gradual introduction of feminines of nouns and adjectives, feminine, plural and part-of-speech changes (word datings, morphological studies); ¤ Introduction of new words; ¤ Last but most importantly, the role, abundance and significance of the orthographical variants, to be studied synchronically and diachronically.
In many respects the dictionary form and presentation are, still in 1935, those of much older dictionaries (non-systematic indication of part of speech, divergent categorial notations, feminines given within articles, etc.).
A characteristic aggravated by what the first edition itself represented, a veritable lexicological monster, needing a separate study of its own: the work of several hands, revised by several generations of Academicians, begun in 1635, completed sixty years later, teeming with contradictions, repetitions, forgotten words, errors, etc.
These traits can also be considered riches to be exploited. To illustrate this I shall examine from a diachronic perspective the structures of a few sample articles.