CHWP B.21 | Catach, "Les dictionnaires de l'Académie française" |
L'Académie, bien incapable de faire face à ce qu'aurait représenté, surtout à l'époque, l'introduction de mentions régulières de prononciation (l'oeuvre du grand phonéticien académicien Dangeau n'a été publiée qu'au XVIIIe siècle), a opté pour une méthode plus économique mais aussi plus curieuse, celle de la seule notation des "lettres qui ne se prononcent pas". Ainsi, les remarques de ce type se limitent à des mentions comme "On ne prononce pas le S (le P, etc.) dans ce mot et dans les suivants".
Ces remarques sont cependant doublées par d'autres, plus courantes, du type "On dit aussi", "On dit et on escrit aussi", "Quelques-uns disent", mais il faut prendre garde que de telles mentions peuvent porter quasi indifféremment sur l'oral ou sur l'écrit. Elles utilisent dans les dernières éditions, de façon accessoire, des transcriptions qui mériteront un jour l'attention et qu'il faudra relever. Même après l'innovation remarquable de Féraud 1787 (v. P. Caron et al., CHWP, B.24), qui introduit pour la première fois une notation systématique de la prononciation, l'Académie ne s'intéressera jamais à ces questions, comme d'ailleurs à beaucoup d'autres.
Bien entendu, les graphies des différentes époques donnent des renseignements précieux sur la prononciation des mots, et des études sur ce point sont à présent tout à fait possibles, bien que difficiles à concevoir autrement que par un travail artisanal. En attendant, il me semblerait dommage de ne pas coder soigneusement toutes ces remarques, souvent situées immédiatement après la vedette.